La souffrance des professionnels du soin et de la santé en questions
Problème complexe, multifactoriel, aux dimensions multiples…Cet article déroule les réflexions engagées au cours d’une rencontre Parenthèse Projet, sur ce thème. A partir des expériences cliniques ou du vécue des participantes, toutes professionnelles de la santé et du soin, nous exposons ici quelques observations et ébauches de solutions :
- La souffrance des pros de la santé et du soin est un problème multifactoriel, complexe, aux dimensions collectives et individuelles. Parenthèse Savoie peut organiser une conférence-débat, mêlant une diversité d’intervenants, pour explorer cette problématique, sensibiliser les acteurs du système de santé et faire émerger des solutions.
- La nécessité pour un professionnel de la santé et du soin, de s’octroyer du temps pour se ressourcer passe par une prise de conscience collective mais aussi individuelle. Le partage d’expérience entre pairs est un levier puissant pour induire une prise de conscience. Parenthèse Savoie peut porter un projet de sensibilisation via des témoignages vidéos.
- Les situations difficiles auxquelles sont confrontés les professionnels peuvent induire des psychotraumatismes, qui doivent être identifiés et pris en charge rapidement de façon adaptée. Parenthèse Savoie peut identifier à l’échelle locale les dispositifs de prise en charge et faire le lien, si il n’existe pas, entre tous. C’est l’objet de notre soirée de présentation des « Dispositifs et structures de prévention et de prise en charge des soignants en difficulté en Savoie ». En développant des partenariats avec tous ces acteurs, notre association pourra, à terme proposer un espace d’accueil et d’orientation au sein du ou des tiers-lieux. Enfin, en sollicitant un partenariat avec le CHS, nous pourrions développer une formation premiers secours en santé mentale, déclinée pour le secours aux professionnels de la santé.
De la difficulté à trouver du temps :
Le démarrage de cette rencontre est le reflet d’une des problématiques actuelles des soignants : le manque de temps, les imprévus au travail qui deviennent quasi quotidiens et la difficulté à ajouter des activités extra-professionnelles dans son agenda déjà saturé. Au départ, peu de participants, plusieurs annulations juste avant la rencontre et des retards. Il est difficile de se libérer du travail en fin de journée mais difficile aussi de se connecter plus tard après une journée fatigante. Et parfois, il est bon de renoncer à participer à ce type d’évènement, justement pour se reposer, pour s’octroyer du temps pour soi.
Le fonctionnement ou plutôt le dysfonctionnement actuel du système de santé, le désordre structurel, le manque de moyens humains, font que les professionnels de la santé et du soin sont contraints d’offrir de plus en plus de temps à leur profession. Alors même que l’on se rend compte de plus en plus, individuellement et collectivement, de la nécessité de se ressourcer pour offrir des soins de qualité.
Au delà du manque de temps : faire face aux situations sources de stress
C’est à travers un dernier témoignage que nous abordons la question de la souffrance générée par des situations professionnelles difficiles (confrontation à la mort, à la souffrance…). Ces situations peuvent générer du stress voire des traumatismes psychiques qui, si ils ne sont pas pris en charge correctement et rapidement, peuvent induire des séquelles. Des dispositifs d’accompagnement existent (médecine du travail, accompagnement psychologique, surpervision…), particulièrement dans les établissement de santé ou les grosses structures médico-sociales. Mais dans les petites structures, entreprises, pour les libéraux et indépendants, l’accès à ces services est beaucoup plus compliqué. Ils disposent de plateformes d’écoute mais ce système ne convient pas à certains professionnels qui ont besoin d’un contact direct avec leur interlocuteur. Les équipes encadrantes doivent alors jouer le rôle d’accompagnant dans cette situation de crise sans formation et sans l’expérience nécessaire pour prendre du recul face à l’expression du vécu traumatique.
Les solutions :
- Mettre à disposition des petites structures, libéraux, indépendants un espace d’accueil.
- Identifier des psychologues ressources au niveau local, formés à la prise en charge des psycho-trauma, pouvant accueillir ces professionnels. Ceci pourrait se développer en partenariat avec les plateformes d’écoute SPS et ASRA qui ont déjà des psychologues partenaires et financent les premières consultations.
- Former les équipes encadrantes via le dispositif premier secours en santé mentale proposé par le CHS (lien). Ces formations pourraient être adaptées au spécificités des professionnels de la santé. Un partenariat avec le CHS apparaît indispensable.
Toutes ces pistes sont à creuser. Venez apporter vos idées, expériences, connaissances en participant à la prochaine rencontre sur ce thème.
Article rédigé par Céline Vasseur, pédiatre, présidente de l’association Parenthèse Savoie. Le 06/03/23.