Parenthèse Projet – épisode 1 :

A la base de ce projet de tiers-lieu dédié aux soignants, l’idée que les professionnels du système de soin ont besoin de se rencontrer, d’échanger et que de ces échanges pourront émerger des idées innovantes. Et surtout, que de ces rencontres naîtra le tiers-lieu !

C’est à la maison des réseaux de santé de Savoie, à Chambéry que se sont tenues ces premières rencontres « Parenthèses Projet». Temps de pause autour d’un déjeuner ou d’un apéritif dînatoire, agrémenté d’une soupe et on l’espère en toute convivialité!

Nous étions au total, 17 professionnels, exerçant ou ayant exercé des professions dans le domaine de la santé ou du médico-social. 
Toutes étaient venues pour rencontrer d’autres professionnels et parler, discuter, échanger. Certaines étaient attirées par le côté pluridisciplinaire et “inclusif” du projet. Un espace pour les professionnels du monde de la santé qui accueille aussi les administratifs c’est inédit ! Avec toujours cette difficulté d’intégrer tous les professionnels lorsque l’on ne dispose même pas d’un terme commun pour tous nous désigner. D’autres, préoccupées par le nombre croissant de collègues en souffrance, voudraient agir pour prévenir ces situations et prendre en charge ces soignants éprouvés. 

Les besoins ….

Après une courte présentation du projet, nous avons abordé l’épineuse question des besoins des professionnels actuellement. Apprendre à travailler ensemble semble une priorité, suivi de près par le besoin de temps ! 
  • Travailler ensemble, trouver la bonne articulation entre les professionnels, dans le respect du rôle et des compétences de chacun.

Cela implique de connaître les champs de compétence de chaque professionnel mais aussi un respect de tous, quelque soit sa place au sein d’une hiérarchie, très marquée dans le système de soin. C’est aussi connaître les nouveaux métiers afin de leur laisser toute leur place.C’est enfin avoir des outils, des moyens pour communiquer efficacement et ne pas se perdre dans toutes  les organisations, réseaux…

  • Ensuite vient la question du temps!

“Avoir du temps pour soi, organiser soi-même son temps de travail, repenser le temps d’exercice du soin”. Un besoin criant et complexe à l’heure du manque de personnel qui engendre obligatoirement une surcharge de travail et donc un manque de temps pour les professionnels en poste. Alors comment se dégager du temps pour se ressourcer alors que l’on en manque déjà ? N’est-ce pas paradoxal de surcharger encore son planning d’activités relatives à son travail de soignant alors que l’on aurait besoin de repos, de souffler ? A contrario, comme l’on souligné certaines participantes, prendre du temps pour faire un pas de côté, se ressourcer, ne permet-il pas de réfléchir de prendre du recul, de réfléchir à sa pratique ? Ce temps devrait être reconnu comme indispensable au soignant pour exercer et dispenser des soins de qualité.

  • D’autres besoins sont cités :

besoin de communiquer, de s’ouvrir aux autres, d’être accompagné et d’avoir un étayage, notamment suite aux situations difficiles auxquelles nous pouvons être confrontés. Besoin d’améliorer la relation et la communication avec les patients, leur donner leur juste place à l’heure où la relation soignant-patient est en grande mutation et parfois mise à mal.

Enfin, le besoin de s’interroger sur le sens du soin. Pourquoi l’on soigne, individuellement et collectivement et comment. Interroger notre modèle de santé, basé sur des actes, qui n’incite pas à considérer le patient dans sa globalité.

Les solutions…

Nous avons ensuite réfléchit aux solutions qui pourraient répondre à certains de ces besoins et pourraient être mises en œuvre au sein d’un tiers-lieu. De nombreuses idées ont été proposées :
  • Créer des espaces d’échanges informels et conviviaux:

Se connaître “en vrai” et pas uniquement par des liens virtuels, discuter autour d’un buffet, faire part de ses projets, idées, difficultés. Tout cela facilite l’exercice coordonné, le décloisonnement entre les structures, les différents lieux de soin et simplifie le travail au quotidien. Cette évolution est plus facile si les professionnels parlent le même langage, disposent de connaissances communes notamment sur l’organisation du système de santé à l’échelle locale. Proposer des formations communes à tous les professionnels du secteur du soin, des espaces numériques de partage d’informations utiles à tous à l’échelle locale, seraient des solutions qui pourraient être développées par le tiers-lieu.

  • Offrir du temps pour prendre soin de soi :

Cette solution semble paradoxale lorsque les soignants souffrent d’un manque de temps pour exercer leur métier, pour leur vie personnelle… Il est évident que ce manque de temps, principalement lié à une surcharge de travail, ne peut être réglé par des mesures individuelles d’organisation de son travail ou même de modification de l’organisation à l’échelle d’un établissement. Elle nécessite une évolution profonde du système de santé, des changements structurels permettant une amélioration de l’attractivité des métiers du soin…Des changements qui nous échappent à l’échelle locale. Toutefois, dans cet environnement difficile, il est possible de proposer des aides, des changements d’organisation pour mieux appréhender la gestion du temps. Apprendre à prendre du recul, à considérer et à organiser différemment son temps de travail. S’octroyer un moment « pour souffler », prendre soin de son corps. C’est également « gagner » du temps ensuite, être plus disponible pour ses patients. Des ateliers de formation et des « Parenthèse Bien-être » pourraient être facilement mises en place au sein du tiers-lieu.

  • Ouvrir des espaces de réflexion entre professionnels :

Échanger entre professionnels sur des situations vécues, partager des expériences, exprimer ses ressentis… Ces espaces pourraient être des groupes d’analyse de la pratique professionnelle, de la supervision d’équipe, des ateliers de co-développement. L’intérêt de proposer plusieurs modalités, dont les objectifs seront clairement définis, est que chacun trouve l’espace qui lui convient. La mise en place de ces espaces de réflexion, déjà répandue dans les établissements médicaux-sociaux notamment, serait très bénéfique pour les professionnels indépendants et libéraux. Le défi reste de constituer des groupes pluridisciplinaires qui fonctionnent afin d’ouvrir un espace de parole bienveillant et respectueux de chacun.

  • Proposer des expériences de type « vis ma vie »:

Proposer des expériences de projection à la place d’autres professionnels afin de comprendre leur rôle, leurs problématiques, leurs difficultés. Une telle expérience permettrait de créer de l’empathie, d’expérimenter le vécu des autres, afin d’améliorer la compréhension et le dialogue inter-professionnel et de mieux appréhender la place de chacun.  De tels expériences sont difficiles à mettre en place particulièrement pour certaines professions. En faisant appel à l’intelligence collective lors des prochaines Parenthèses Projet, nous pourrions imaginer et développer des dispositifs s’approchant de telles expériences. Ces espaces immersifs pourraient ensuite être expérimentés puis proposés au sein du tiers-lieu.

Toutes ces réflexions, élaborées en 1 heure, autour d’un buffet par deux groupes de professionnels sont riches et ouvrent un champs de possible. Les prochaines « Parenthèses Projet » promettent des apports tout aussi fructueux sur les thèmes de la mise en réseau des professionnels et du travail partenarial, de la création d’espaces de réflexion et de l’accueil des professionnels en difficulté. Rejoignez-nous!

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