photographie du premier café éthique de Parenthèse Savoie

Premier « café éthique » : retour d’expérience

Patient-soignant-proche aidant : comment faire équipe : 

Dans sa quête réparatrice de l’Humain, le professionnel du soin œuvre au quotidien pour que le patient ne soit pas nié, mais bien soigné, et que le proche-aidant ne devienne pas soi-niant, ni soignant! Ce proche garde ainsi son rôle d’entourage, de contenant. La place de chacun dans ce trio, si elle n’est pas réfléchie, peut devenir compliquée, au risque de tous se nier. 

Le 18 avril dernier, nous étions une trentaine à La Base pour se questionner sur le thème : patient, soignant, proche-aidant: comment faire équipe. Pour nous éclairer, Anne Verollet, sociologue et Pascal Bouvier, philosophe, étaient présents.

Parmi les participants, de nombreux professionnels de la santé, du soin et de l’accompagnement (infirmières, aides à domicile, médecins, pharmaciens, cadres administratifs… ). Mais aussi des personnes n’exerçant pas dans ces domaines. Afin que chacun ose prendre la parole, et que chaque prise de parole soit entendue, nous avions demandé aux participants de ne pas énoncer leur profession ou leur poste…

La soirée a été le théâtre de réflexions, d’apprentissage, de témoignages et d’échanges d’expériences. Par souci de légèreté et de clarté, cet article ne fait pas le récit de tous ces échanges mais apporte seulement un résumé des éléments théoriques abordés et des références citées. 

Introduction :

« La maladie grave fait toujours fracture dans la vie des patients et de leur famille, à qui elle impose ses contraintes, ses rythmes, son univers médical et hospitalier. (…) C’est sans doute pourquoi la triade patient-famille-soignant alimente nombre de débats, nous recommande la prudence et nous invite à questionner le sens de cet accompagnement avec cette donnée immuable : c’est que cette rencontre est toujours singulière et qu’il y a autant de patients, autant de familles, autant d’histoires de vie, qui impliquent autant d’accompagnements. (…)

 Le visage soignant, qui « s’invite » dans l’intime de la vie, de la mort, peut alors apparaître pour les familles comme un « complice » de cette maladie, un expert qu’on somme de trouver des solutions, sur qui sont déversées colère, brimade, injonction, révolte, comme un ultime cri, un exutoire face à la maladie. 

Pour les soignants, cette rencontre humaine dans cette triade patient-famille-soignant peut alors être le lieu d’agressivité, mais aussi d’épuisement, de perte de sens, voire de vide de sens. Le soignant peut à son tour être dans la colère, la révolte, l’évitement, voire la fuite en avant, et s’il ne parvient pas à réalimenter la relation, à redonner du sens, à mettre en récit cette difficulté de la rencontre, il peut devenir un « juge » sévère, et se perdre dans les abîmes d’un « soi-niant ». « 

extrait de « L’épreuve de la maladie avec ou sans mots », maison d’édition Pug.
Revue Jusqu’à la mort accompagner la vie n°126

Apports théoriques :

Exposé de Pascal Bouvier (philosophe) : concept du soin, de son histoire, de la place des soignants et des aidants à la relation triangulaire …

Exposé de Anne Verollet, sociologue :

Anne s’appuie sur l’œuvre de Talcott Parsons, sociologue américain du XXéme siècle. En particulier l’ouvrage : « The social system of modern medical practice ». Les points abordés étaient les suivants : 

  • le malade et la maladie selon le contexte socio-culturel 
  • sens de la maladie dans la société (causes de la maladie, droit et devoir du malade…)
  • place du malade dans la société, changement de place, de rôle, de la déviance aux bénéfices…
  • place et rôle du médecin

A l’issue de ce premier “épisode”, nous réfléchissons à l’objectif de ce café éthique.

Nous souhaitons pour le prochain favoriser le partage d’expérience comme appui à la réflexion. Notre objectif : proposer un espace propice au partage de points de vue, tout en gardant l’appui des éclairages théoriques.

Rendez-vous le 28 juin 2023, 20h à La Base autour du thème : Comment les convictions des professionnels de la santé, du soin et de l’accompagnement influencent-elles la prise en charge des usagers ?

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