Convictions, croyances, préjugés… influençent-ils les pratiques professionnelles des soignants ?

retour sur le 2ème café éthique

Le café éthique version 2 : plus participatif…

A l’issue de la première soirée, les participants avaient fait part de leurs remarques et suggestions. Ainsi nous avons redéfini l’objectif et l’organisation de nos « cafés éthique » :
“favoriser le partage d’expériences et de réflexions afin de croiser les points de vue entre les participants. “
Nous avons donc privilégié les échanges plutôt que les apports théoriques. Sur le plan de l’espace : les sièges étaient disposés en cercle pour créer une ambiance conviviale et faciliter la prise de parole.
Les intervenants “experts” apportaient des éclairages théoriques au fil des échanges, en fonction des réflexions et idées évoquées. Ces apports répondaient d’avantage aux besoins du groupe et ont permis d’approfondir la réflexion collective. Cette organisation a facilité participation de tous. Elle rend la préparation plus complexe notamment pour le choix des intervenants et la réflexion théorique en amont. Par exemple, les discussions nous ont mené vers des questionnements d’ordre juridique qui auraient nécessité l’éclairage d’un.e juriste.

Les convictions, croyances et préjugés dans le domaine du soin

« Au cœur du soin, subsiste l’Humain. Au carrefour de nos convictions, reste le soin. Parce que nous avons tous des croyances, préjugés, idées reçues, quelque soit notre place dans la société. Les professionnels de la santé, du soin, de l’accompagnement pourraient-ils en être dépourvus ? Est-ce souhaitable ? Existe-t-il une frontière, si ténue soit-elle, entre conscience et acte de soin. »

Afin d’ancrer les discussions dans le réel, autour du vécu des participants, Stéphanie Montier (animatrice) a proposé des exemples de situations relayées dans la presse ….

Résumé des échanges :

  • Nous avons tous des convictions, croyances, idées reçues qui influencent nos actes même en tant que professionnels. La posture professionnelle impose un non jugement, ce qui est parfois difficile voire impossible et impose un certain travail sur soi. “Il faut parfois se faire violence”… La question de l’authenticité est très importante : il faut arriver à bien se connaître, prendre conscience de ses propres convictions et être vigilant lorsque celles-ci ont un impact dans la pratique professionnelle.
  • La construction de l’opinion est influencée par l’environnement dans lequel on vit et pour les professionnels par l’institution dans laquelle ils exercent. La loi et l’évolution de la législation font également évoluer les convictions. Ce qui était considéré comme anormal, répréhensible autrefois, ne l’est plus aujourd’hui (exemple de l’IVG). La loi reconnait toutefois le droit aux professionnels d’avoir des convictions personnelles par la clause de conscience, qui ne peut s’appliquer que dans des conditions bien précises. 
  • Les patients et usagers ont également des croyances et convictions qui vont nécessairement influencer la façon dont les professionnels vont les accompagner. Ils peuvent refuser des soins (exemple du vaccin contre la COVID 19). Le lien patient-soignant est alors primordial. Le professionnel doit prendre conscience et accepter que l’usager n’a pas la même vision du monde, le respecter et le rejoindre pour trouver la meilleure solution. 
  • Prise de conscience de ses propres croyances, de celles de l’équipe, de celles du patient. Mise à distance des protocoles non adaptés, dans les situations complexes…. Dans ces situations, “penser” les situations, se questionner en équipe, dialoguer est primordial. Or le “penser” est mis de côté en raison des contraintes de temps. Dans les équipes, cela peut entraîner aussi des tensions avec des difficultés à trancher.

Les apports théoriques :

Les intervenants “experts” Anne Verollet (professeur de sociologie) et Pascal Bouvier (professeur de philosophie) ont apporté des éclairages théoriques au fil des échanges. Ne pouvant retranscrire de façon précise l’ensemble des références en dehors du contexte des échanges, voici quelques éléments clés :

  • Représentation du réel, science, croyances et convictions : 
    • David Hume : Comment fonctionne la croyance ? Les différents systèmes de croyance, l’étendue du champ de définition de la croyance. 
    • Karl Popper : réflexion autour de la méthode scientifique, de la connaissance objective et de la croyance . 
  • L’influence de la société sur la vision du monde, les convictions de chaque individu : 
    • Emile Durkheim : notion de représentation collective. 
    • Serge Moscovici : comment les convictions, croyances, idées reçues vont évoluer au sein de la société et influencer les individus (théorie des représentations sociales et de l’influence minoritaire).
    • Jean-Claude Abric : notion de représentation sociale et ses 4 fonctions. 

article rédigé le 31/07/2023 par Céline Vasseur, pédiatre, présidente de l’association Parenthèse Savoie

Rendez-vous fin novembre 2023 pour notre prochain café éthique.

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Revue de presse (liens vers les articles cités) :

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